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Madame Leytier-Chomienne Hélène, professeur de russe de 1978 à 2014

Les premières échanges scolaires entre la France et la Russie

"Voici une petite rétrospective des liens qui ont été établis entre le Lycée Camille Vernet et le peuple soviétique et russe au cours des années et de I 'histoire, et leur civilisation, leur culture au travers de l'enseignement de la langue russe.

Le lycée a offert (depuis les années 60 ou 70) l'enseignement du russe comme LV2, LV3, (et même, bien que peu de temps la LVI).

Madame Claude Ageron, qui l'enseignait, a particulièrement œuvré, au cours de sa carrière, à l'ouverture des élèves envers le pays dont ils apprenaient la langue. Durant la période soviétique, des années 70 à la fin des années 80, elle leur a fait connaître, grâce au cinéma les derniers films des grands réalisateurs des républiques de l'empire qui n'avait pas encore éclaté : Tarkovsky, Paradjanov...

Elle organisait des sorties jusqu'à Lyon, Grenoble, pour assister aux festivals du cinéma soviétique De même que pour le cirque, le théâtre,la danse, les concerts.

On invitait, par l'intermédiaire de l'association France-URSS des stagiaires soviétiques en stage à l'Université de Grenoble à rencontrer des élèves russisants à Camille Vernet pour partager un moment d'échanges.

A la fin des années 70, elle m'avait pour nouvelle collègue (la LV2 et la LV3 étaient alors enseignées à Camille), et elle a mis sur pied des voyages en URSS pour les élèves, en passant par l'agence « Spoutnik » (organisme d'Intourist réservé aux jeunes..).

Les voyages s'effectuaient à la fin des vacances d'été. Nous partions toujours de Paris. Le principe était de passer trois jours dans une « capitale »: Moscou, Léningrad, que nous visitions, puis de séjourner dix jours dans une grande ville de Province. L'hébergement se faisait toujours en hôtel, les déplacements en train. Une guide soviétique nous accompagnait tout au long du voyage

En province, nous étions reçus dans une école, où l'on assistait aux cours. Nous assistions toujours à la fête de la rentrée scolaire, le Ier septembre. C'étaient des écoles spécialisées dans l'enseignement du Français (que les enfants étudiaient à raison de 7h par semaine dès leur première année à l'âge de 7 ans). En général le dernier soir on pouvait être invités à dîner dans la famille d'un élève, ou une petite fête était organisée à l'école.

Des visites culturelles de musées, sites historiques, des spectacles de danse, de cirque complétaient le programme du séjour

C'est ainsi que les villes de Kiev, Yaroslavl, Rostov-sur-le-Don, Odessa, Léningrad, ont accueilli les jeunes Français russisant durant la période soviétique.

Les coûts de ces voyages étaient raisonnables, et certains élèves pouvaient obtenir des aides.

La séparation avec les jeunes soviétiques était toujours un moment de forte émotion, car l'on savait que l'on pourrait revenir mais qu'eux ne pourraient venir en France.

Mais l'histoire poursuivait son cours…

A l'été 1989, Madame Ageron, liée d'amitié avec Santa Glières, Directrice d'une chorale de jeunes de Moscou passionnés de langue française„ a monté le projet innovant d'un échange avec l'aide de la Région Rhône-Alpes.

Pour la première fois, 70 jeunes russisant des lycées de Valence, Grenoble et Annecy

allaient séjourner un mois entier en URSS dans le camp de pionniers : « Tchaïka » à Polouchkino, situé à 80 de km de Moscou, au bord de la Moskova..

Ce camp accueillait les jeunes soviétiques apprenant le Français et leurs professeurs de Français, les Français encadrés par les professeurs de Russe accompagnateurs. Les professeurs français donnaient des cours aux élèves soviétiques et inversement. Ce fut une bonne occasion d'échanger sur les méthodes de nos enseignements respectifs.   Cuisine, chants, musique, danse en commun, étaient aussi au programme. Le matin, nous étions réveillés au son du clairon des pionniers… A la fin du séjour, les Français furent reçus une semaine à Moscou par la famille soviétique. Ils purent visiter la capitale, aller au Bolchoï...

L'été suivant c'était aux français, familles des élèves et professeurs de recevoir les jeunes et les collègues soviétiques.

A notre tour nous leur avons fait découvrir la France et sa culture, notre Région.

Après le départ à la retraite de madame Ageron, qui avait réalisé un voyage à Odessa sans moi, puisque j'étais alors affectée à Chambéry, j'ai dû me faire accompagner par des collègues qui n'enseignaient pas le Russe, mais qui avaient la curiosité et l'adaptabilité nécessaires pour aller à la rencontre de ce pays et de ce peuple en plein bouleversement, aux approches et après l'éclatement de l'URSS.

En février 1990 j'étais accompagnée par madame Bollé, Proviseur-adjointe du lycée Camille Vernet dans un voyage organisé pour les russisants de Camille Vernet. Après trois jours de visite de Moscou, nous fumes accueillis à Leningrad dans l'école 502, spécialisée dans l'enseignement du Français. A la fin du séjour, madame Bollé conclut un accord avec la Directrice de l'école pour faire un échange scolaire entre les deux établissements l'année suivante.

C'est ainsi que le lycée Camille Vernet a été l'un des premiers établissements scolaires à réaliser des échanges : se réveiller au rythme de la famille russe, participer à sa vie, c'était si nouveau et enthousiasmant !

Au travers des divers et nombreux comptes-rendus des élèves sur des années d'échange, l'aspect humain, l'hospitalité des Russes ont toujours été relevés comme dominants, indépendamment de la richesse des découvertes culturelles.

Pour ce premier échange j'étais accompagnée de monsieur Michel Lhomme, professeur de Mathématiques.

Le deuxième échange avec l'école 505 fut encadré par madame Grazena Vandenberghe qui enseignait alors le Russe avec moi, les effectifs étant assez importants avec la LV2 au lycée Emile Loubet, nous pouvions alors emmener une vingtaine d'élèves.

Il n'y eut pas de troisième échange, ayant eu des difficultés à nous entendre avec les organisateurs russes.

Suite au camp de Polouchkino, des professeurs de Français de l'école 1218 de Moscou où ils enseignaient désiraient aussi faire un échange.

Après deux échanges scolaires avec l'école 505 de Léningrad, comme j'enseignais la LV2 à Émile Loubet et la LV3 à Camille Vernet j'ai fini par engager des échanges pour les russisants  des deux établissements avec cette école.

Dans le contrat de ces échanges, on était accueillis 15 jours en Russie et on recevait 15 jours en France.

Les projets étaient élaborés et présentés à la Région qui les a toujours soutenus.

(sauf une année..)

Le coût de la participation financière restait ainsi accessible aux familles (à peine l'équivalent du vol en général).

Le pays qui accueillait prenait en charge tous les frais de visites culturelles, transports

organisés.

Si le programme des visites culturelles, des villes, des musées, les sorties à des spectacles, concerts, ballets, tenaient une bonne place, la participation aux cours était importante et obligatoire : un projet pédagogique était présenté à la région dont dépendait aussi l'obtention de la subvention. Des comptes-rendus, une exposition dans les établissements étaient préparés par les élèves et les professeurs.

Pour alléger le budget on a aussi organisé des ventes de « blinis », lorsque c'était autorisé, ou de chocolats de Noël.

A la fin des séjours, on montait traditionnellement un spectacle pour la « Fête d'Adieux ». Les Russes excellant en la matière, les Français sachant aussi parfois se défendre.

L'échange se réalisait en général au moment des vacances de Février et de Pâques.

En 1997 trois échanges avaient été réalisés avec l'école de Moscou.

Madame Nicole Nodin, professeur d'Histoire-Géographie à Emile Loubet, Madame Elisabeth Pellet, parent d'élève de Camille Vernet, madame Mireille Delpont, professeur de philosophie nous avaient accompagnés, les élèves et moi-même, dans ce pays traversé par un bouleversement historique.

Le quatrième échange était en route, mais l'âge des participants proposés par les Russes était trop différent de celui des Français, le chef d'établissement de Camille Vernet n'a pas donné son accord.

C'est avec enthousiasme et idéalisme que je me suis lancée dans ces échanges scolaires devenus possibles, qui faisaient partie intégrale de l'enseignement d'une langue « vivante ».

Cependant, le fonctionnement de l'administration des écoles soviéto-russes était bien différent de celui des structures encadrant l'enseignement public français.et si les échanges se sont arrêtés avec certaines écoles, c'est que des divergences étaient apparues, quelques épisodes épineux qui font heureusement rire maintenant.

La Russie changeait, les mentalités de la capitale aussi, cela créait des déséquilibres dans nos échanges.

Nous avons alors songé à nous tourner vers la province.

Une ouverture s 'est présentée avec la ville de Vologda, d'où était originaire notre première assistante de Russe, madame Ludmila Glebova. Cette ville est située à équidistance de Moscou et St-Petersbourg, à 450 kms au Nord Est de Moscou. C'est par l'intermédiaire de Ludmila que nous avons engagé des contacts, et en 2002 nous avons démarré un premier échange avec deux écoles de cette ville. : l'école « Harmonie », à tendance musicale, et  l 'école 202 , école  « municipale »dont l''enseignement avait pour but de développer au mieux les meilleures qualités de ses élèves.

L'atmosphère y était très bonne, la qualité de l'accueil nous a décidés à poursuivre les échanges avec cette école ;

Pour le premier échange, agrémenté de quelques péripéties (une nuit mémorable passée à la gare de Moscou), notre remarquable assistante et amie, Marina Kryukova, de Krasnoyarsk, nous accompagnait.

La  Directrice du Gymnase,  Madame Natalya Yourevna  Stepanova, qui enseigne  aussi l'Anglais et n'a pas encore pris sa retraite, nous dit , au discours qu'elle prononça à la première Fête d' « Adieux » traditionnelle : «ces échanges entre jeunes font plus que tous les pourparlers diplomatiques ».

C'est ainsi que durant douze ans, toujours en coopération avec le professeur de Français organisatrice Elina Anatolievna Maximova , devenue une amie, et cette direction, nous avons réalisé six échanges réguliers, recevant une année, partant en Russie l'année suivante.

Au départ, les Russes arrivaient à Paris, puis ce fut Genève, et enfin Lyon d'où ils repartaient, bien sûr.

Les familles ont toujours été très accueillantes on offrait le meilleur de nos possibilités.

Outre les cours, les visites avec les familles, les spectacles quand c'était possible, des échanges sportifs parfois, Paris, Versailles, Chambord, Avignon, Marseille, Lyon, Grenoble, ont été découverts par les Russes. Les Français, eux, ont été émerveillés par Saint- Pétersbourg et ses environs, Le monastère Kirillov, Moscou

Vologda présente une richesse culturelle et historique. Elle a failli être la capitale du temps d'Ivan le Terrible. Son Kremlin abrite le « musée de la dentelle ». Elle était réputée pour son beurre, car c'est une belle région agricole. Cette ville a beaucoup évolué au cours de ces années.

En 2007 un accord de coopération était signé entre le lycée Camille Vernet et l'école 202 de Vologda ;

Et c'est grâce à ce respect mutuel et à l'amitié que l'équilibre a pu être maintenu.

Un regret de ma part : le nombre de participants était limité à 15 élèves, car la charge de l’échange ne pouvait être supporté par certaines familles russes : de leur côté elles ne percevaient pas de subvention comme les Français... Et il est arrivé qu'un choix impossible doive se faire entre russisants. Le but était que chaque élève apprenant le russe ait la possibilité de participer à un échange.

Certains correspondants ont gardé des contacts.

Je terminerai sur une impression qui m'a frappée, souvent, lors de mes séjours en Russie : les élèves y étaient « heureux ».

Voici les années de nos échanges :

2001/2002 Mme Leytier, Marina Kryukova, assistante de Russe.

2003/2004 Mme Leytier Mme Christiane Reynaud-Turpin, professeure d'Audio-visuel.

2007 Mme Leytier Mr Jean-Francois Monteil, professeur d'Anglais

2008/2009Mme leytier Mme Francoise Le-Meur, professeure d'EPS.

2011/2012 Mme Leytier Mr Christian Demma, professeure d'Histoire de l'Art.

2014  Mme Leytier, Mme Fabienne Chaudanson, professeure de Lettres.


En 2014 j'ai pris ma retraite, j'ai gardé des contacts amicaux avec mes collègues, mais un autre page s'est ouverte pour les échanges avec la ville de Yaroslavl, organisés par madame Tatiana Genoske qui m'a succédé au lycée Camille Vernet".

Souvenirs de Madame Leytier-Chomienne Hélène, professeure de russe de 1978 à 2014: Autres projets
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